Arts

« Bourdelle devant Beethoven » : une véritable fascination

Le sculpteur Antoine Bourdelle (1860-1929) a été influencé par la musique, notamment par celle de Ludwig van Beethoven (1770-1827), ainsi que par le compositeur. Dans le cadre du 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, le musée Bourdelle a décidé de consacrer une exposition à ce « génie maudit ». En raison du confinement lié au coronavirus COVID-19, l’exposition est virtuelle.

Bourdelle a consacré à Beethoven quelque quatre-vingt sculptures (réalisées entre 1888 et 1929) ainsi que des dessins et des photographies. Il est fasciné par le musicien, au point qu’il s’identifie à « l’âme du maître », auquel l’apparentent sa coiffure tempétueuse, sa face sombre et ses hautes aspirations.

L’obsession de Bourdelle pour Beethoven

Colin Lemoine, commissaire de l’exposition commente l’exposition sur You Tube.
Dans l’exposition, citons, une sculpture de la tête de Beethoven en terre, effectuée en 1901. La terre va s’effondrer et Bourdelle conserve cet effondrement, cette ruine de la sculpture, qu’il appelle Grand masque tragique, pour en garder une œuvre monumentale, une « gueule » où l’on voit la moue, le rictus, ce regard exorbité. Cette œuvre est décisive dans l’œuvre du sculpteur. Une autre œuvre, importante, un plâtre du musicien, dont l’original est détenu dans la maison natale de Beethoven à Bonn. En 1812, Franz Klein, sculpteur autrichien demande à faire un portrait du musicien. Ce plâtre a été exécuté par Bourdelle et reproduit en des milliers d’exemplaires pour des photographes, sculpteurs, peintres, cinéastes qui vont conserver cette effigie dans leur atelier. En 1903, Bourdelle ouvre un cahier d’écolier, dans lequel il consigne des phrases, des citations, des dessins, tout ce qu’il glane au fil de ses lectures sur le musicien. Bourdelle ne cessera de l’alimenter toute sa carrière durant.

Une atmosphère à deux teintes

À travers l’exposition, le visiteur est immergé dans deux atmosphères différentes : l’une, claire et lumineuse, le confronte aux multiples visages sculptés de Beethoven, conçus par Bourdelle comme autant de variations autour d’une face maudite, d’une intériorité souveraine ; l’autre, sombre et dramatique, tente d’exposer les modalités et les sources de cette incorporation, mais aussi de faire dialoguer sculptures, photographies et dessins afin de pénétrer les secrets et les subtilités de cette identification majeure. Beethoven est un artiste total, maudit, frappé par une surdité que console et sublime une musique enfiévrée. Avec lui, depuis lui, les créateurs auscultent les passions intimes et les noirs profonds, les tourments et les visions, la joie électrique comme l’angoisse métaphysique.

Sur le site du Musée Bourdelle, l’exposition se décompose en 17 points que l’on pourra découvrir avec pour chacun, des photos des sculptures de Beethoven exposées et un texte explicatif. En cliquant sur l’image, on obtient un diaporama de photos. Et si l’on est inspiré, on peut en même temps que l’on visite virtuellement l’exposition, se programmer une écoute d’œuvres de Beethoven (1) qui donnera encore plus de relief à cette exposition.

Cette exposition se déroule jusqu’au 17 janvier 2021. Une exposition originale sur un génie qui a frappé de nombreux esprits dans tous les domaines tout en apportant une véritable révolution dans l’esprit de la musique.

(1) Lire l’article sur la Neuvième symphonie de Beethoven, page 17
photos fournies gracieusement par le musée Bourdelle/R. Chipault
par Marie-Agnès LAMBERT
Sur internet
https://www.bourdelle.paris.fr
https://www.bourdelle.paris.fr/fr/exposition/bourdelle-devant-beethoven/un-nouvel-accrochage
https://www.youtube.com/watch?v=-0UVGLyl-Ro&feature=youtu.be
Musée Antoine Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle – 75015 Paris
Tél : 01 49 54 73 73

 

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