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L’histoire du peuplement d’Amérique réécrite par la découverte d’empreintes humaines datant de 23 000 ans

La découverte récente d’empreintes humaines fossilisées dans la roche au Nouveau-Mexique datant de 23 000 ans, remet en question la datation des premiers hommes sur le continent américain.

Les empreintes de pieds humains fossilisées découvertes dans le parc national de White Sands, au Nouveau-Mexique, suggèrent qu’Homo sapiens était présent sur le continent américain avant la fin du dernier âge de glace censée avoir permis cette migration. Elles ont été laissées à l’époque dans la boue des berges d’un lac aujourd’hui asséché qui a cédé la place à un désert de gypse blanc.
Avec le temps, les sédiments ont comblé les empreintes et ont durci, les protégeant jusqu’à ce que l’érosion dévoile de nouveau ces témoins du passé.
Parmi les traces découvertes, les scientifiques ont identifié des empreintes de pas d’adolescents et d’enfants, quelques empreintes de pas d’adultes et des traces d’animaux, mammouths et loups préhistoriques.
La datation de traces de White Sands signifie que des humains étaient présents dans le paysage voici au moins 23 000 ans, avec des preuves d’occupation s’étendant approximativement sur deux millénaires.

La théorie du détroit de Béring remise en cause

Pendant des décennies, la thèse la plus communément acceptée a été celle d’un peuplement provenant de Sibérie orientale : nos ancêtres auraient franchi un pont terrestre – l’actuel détroit de Béring – pour débarquer en Alaska, puis se répandre plus au sud. Des pointes de lance servant à tuer les mammouths, ont longtemps suggéré un peuplement vieux de 13 500 ans associé à une culture dite « de Clovis » – du nom d’une ville du Nouveau-Mexique –, considérée comme la première culture américaine, d’où sont issus les ancêtres des Amérindiens.
Ce modèle de la « culture Clovis primitive » a été remis en cause il y a une vingtaine d’années, avec des nouvelles découvertes reculant la datation à 16 000 ans, après la fin du « dernier maximum glaciaire ».
Les calottes glaciaires couvrant à l’époque la plupart du nord du continent ont rendu impossible, ou en tout cas très difficile, toute migration humaine en provenance d’Asie, par le détroit de Béring ou, comme le suggèrent de récentes découvertes, le long de la côte du Pacifique.
Selon Yan Axel Gomez Coutouly, archéologue, chargé de recherches à l’unité mixe de recherche et de formation Archéologie des Amériques (CNRS, Paris-I Panthéon-Sorbonne), la découverte des dernières empreintes de pas humaines datant de 23 000 ans semble la plus convaincant pour les sites pré-20 000 ans, même en l’absence de mobilier lithique ou d’outils associés.

Concernant les sites anciens – grotte de Chiquihuite au Mexique datée à 30 000 ans, abri sous roche de Pedra Furada au Brésil pouvant remonter jusqu’à 50 000 ans, Bluefish Caves dans le Yukon avec des datations jusqu’à 24 000 ans, site de Cerutti Mastodon en Californie avec des datations jusqu’à 120 000 ans –, Yan Axel Gomez Coutouly rappelle qu’« une grande majorité de chercheurs considèrent que les preuves de la présence humaine présentées (traces de découpe, outils simples, foyers, etc.) sont en fait le produit de phénomènes naturels : plutôt que des artefacts (des produits humains), ce serait des géofacts (des produits naturels) ».

La découverte des traces de pas humains datant de 23 000 ans révèle ainsi le caractère anthropique incontestable et pourrait être une des découvertes majeures de la préhistoire américaine de ces dernières décennies.

À lire
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/24/des-empreintes-humaines-vieilles-de-23-000-ans-reecrivent
https://www.lefigaro.fr/sciences/des-empreintes-vieilles-de-23-000-ans-reecrivent-l-histoire-humaine-de-l-amerique-20210924
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/prehistoire-les-derniers-secrets_1623998.html

Par Michèle MORIZE
Formatrice de Nouvelle Acropole Paris V

© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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