L’île, lieu de la rédemption ?
L’histoire d’un ermite guérisseur, rongé par la culpabilité.
Connu pour ses satires sociales de l’ère post-communiste, le film L’île de Pavel Lounguine nous livre ici un film d’un genre totalement différent.
L’action se situe sur une île de la Mer Blanche environ quarante ans après la seconde guerre mondiale. Un ermite guérisseur orthodoxe est rongé par la culpabilité d’un crime de jeunesse commis au nom de sa survie.
Recueilli par des moines sur cette île du bout du monde, véritable océan de neige et de glace, ce marin devient un starets (moine) dans la tradition de ces pères spirituels, si important dans la vie religieuse russe. Anatoli acquiert le don de guérisseur, de devin et une réputation de sainteté. Un personnage qui, dans ces lieux incroyables où il ne peut se passer que des évènements hors du temps, navigue aux frontières de la folie ; mais comme il a été dit dans différentes traditions, le fil est bien ténu entre la désespérance et la grâce. C’est une plongée au coeur de l’âme russe.
Nous côtoyons Dostoïevski et Tolstoï. Le père Anatoli un vagabond de Dieu, personnage clé de l’orthodoxie russe qui simule la folie pour mieux porter la faute de sa jeunesse, est en quête de rédemption. En bousculant son supérieur, Anatoli rappelle sans cesse la nécessité de la pauvreté. Il scandalise un autre moine le père Job par ses questions qui ramènent l’ambitieux personnage sur le chemin du sens de la foi où Anatoli finira par trouver le pardon. L’île est un lieu d’action spirituelle et d’une quête de délivrance. Chez les moines et les êtres perdus qui viennent du continent consulter Anatoli, il y a une vérité des regards qui ne trompent pas sur la force de la foi. Le film de Pavel Lounguine est d’une dimension profonde, un véritable chef d’oeuvre, une plongée dans la foi la plus sincère et la plus bouleversante.