C’est quoi Dieu ?
Comment expliquer Dieu aux enfants ? Qui est Dieu ? Que se cache-t-il derrière tout ce que nous voyons ? Dans un langage simple, Dieu est démystifié.
Alors que, jeune adulte, je parcourais les rues de la ville où j’habitais alors, je regardais les passants, notais leur silhouette, leur allure, leur démarche, leur manière de porter le vêtement… et je me disais : « Qu’y a-t-il derrière ? Derrière ce que je vois, qu’est-ce qui se cache ? Tout un monde, bien sûr, de sensations, d’émotions, de sentiments, de pensées. Mais encore, qu’y a-t-il derrière ce qu’il y a derrière ?
Cela est vrai de tout ce qui nous entoure. Qu’y a-t-il derrière ce caillou, derrière ce feuillage et le vent qui le chahute, derrière cette eau qui court dans ce caniveau, ce feu qu’on aperçoit à travers cette vitre, ce chat qui se faufile sous cette grille ? Qu’y a t-il derrière, derrière encore et encore derrière, que révèle et voile à la fois tout ce que nous percevons ?
Derrière ce que nous percevons…
Aborder le mystère de l’univers à travers une vision purement matérielle, comme le fait la science, est légitime au niveau de la méthode. Mais il est illégitime d’instrumentaliser ce choix pour affirmer que rien d’autre n’existe que la matière.
De même, penser que le monde et tout ce qu’il contient est le fruit du hasard est aussi invraisemblable que si l’on voyait descendre du ciel les grandes orgues d’une cathédrale, parfaites jusque dans le moindre détail et qui, sous l’effet du vent, joueraient le Requiem de Mozart suivi d’une sonate de Beethoven (1).
N’est-ce pas se comporter comme quelqu’un qui refuserait de s’éclairer autrement qu’à la lueur de la bougie qu’il a dans les mains, quand il lui suffirait de lever les yeux ou d’ouvrir les volets pour que l’inonde la lumière du soleil ?
Penser que le monde n’est fait que de matière et le fruit du hasard est en fait irrationnel. Même si cette option s’explique au vu des visions réductrices apportées par les croyances populaires à ce qui est au-delà du manifeste.
Au siècle dernier, après le premier vol de l’homme dans l’espace, en avril 1961, circulait l’histoire suivante : après son retour sur terre, Kroutchev convoqua Gagarine et lui demanda, en toute confidentialité : « N’as-tu pas vu, lorsque tu étais là-haut, un vieux monsieur avec une grande barbe blanche et un chapeau haut de forme ? » Et Gagarine de lui répondre : « …Oui, je l’ai vu. » Et Kroutchev : « Ah ! Je m’en doutais, je m’en doutais… »
Un peu plus tard, Gagarine est reçu par le Pape, qui lui demande en aparté : « Quand tu étais là-haut, n’as-tu pas vu un vieux monsieur avec une grande barbe blanche et un chapeau haut de forme ? Et Gagarine de lui répondre : « …Non, je ne l’ai pas vu. » Et le Pape : «Ah ! Je m’en doutais, je m’en doutais… »
Cette histoire a raison. Il est invraisemblable qu’une intelligence infiniment supérieure ne se cache pas derrière les apparences. Il est tout aussi invraisemblable que ce soit le dieu anthropomorphisé fait par les hommes à leur image.
… que se cache-t-il ?
Derrière ce qu’il y a derrière, tout au fond, qu’y a-t-il ?
Quelque chose d’infiniment puissant, d’infiniment mystérieux, d’infiniment attirant, d’infiniment impressionnant, d’infiniment insaisissable.
Comment l’appeler alors ? La tradition védique l’appelle Cela. Sri Aurobindo l’appelait le Suprême. JAL (2) l’appelait Dieu ou comme vous voudrez l’appeler. D’autres encore l’appellent Lois de la Nature, le Divin, le Vivant, le Sans Nom…
Pour offrir, aux enfants et aux adultes qui les accompagnent, l’occasion d’un contact aussi dépollué que possible avec ce que cache le visible et qui le sous-tend, sans le réduire à notre dimension, nous leur proposons le texte suivant :
C’est quoi, Dieu ?
Une miette de pain, à côté de toi, c’est tout petit.
Une fourmi, à côté de toi, c’est tout petit.
Toi, à côté d’une grande personne, tu es petit.
Une grande personne à côté d’un éléphant, c’est petit.
Un éléphant à côté d’une montagne, c’est tout petit.
Une montagne à côté de la terre, c’est tout petit
La terre à côté du ciel avec ses étoiles, c’est encore plus petit.
Mais le ciel, à côté de Dieu, il est plus que tout petit,
il est tout tout tout petit, il est minuscule.
Dieu est plus grand que ce qu’il y a de plus grand.
En même temps, Dieu est dans le ciel,
il est dans la terre,
il est dans la montagne,
il est dans l’éléphant,
il est dans les grandes personnes,
Dieu est dans les enfants,
il est dans toi,
il est dans la fourmi,
il est dans la miette de pain.
Alors, Dieu est plus petit que ce qu’il y a de plus petit.
Dieu est plus loin que le fond du ciel
et le fond du ciel est ce qu’il y a de plus loin.
Dieu est plus loin que ce qu’il y a de plus loin.
Dieu est plus près que le bout de ton nez
Et le bout de ton nez est tout près de toi.
Dieu est plus près que ce qu’il y a de plus près
car il est dans ton cœur
et ton cœur est ce qu’il y a de plus près de toi.
Dieu est plus grand que ce qu’il y a de plus grand,
plus petit que ce qu’il y a de plus petit,
plus loin que ce qu’il y a de plus loin,
plus près que ce qu’il y a de plus près.
C’est grâce à lui que nous sommes vivants.
Tout ce qui existe est son enfant.
Après lecture de ce texte, un enfant de sept ans est venu trouver la lectrice : « Tu es son enfant ? – Oui. – Je suis son enfant ? – Oui. »
Et il s’en est allé, porteur de ce viatique.