Écologie-Nature

« Il sera bientôt trop tard !… », le cri d’alarme de 15 000 scientifiques

Plus de 15 000 scientifiques ont signé un manifeste concernant l’état alarmant de la planète Terre. En 1992, 1700 d’entre eux s’étaient déjà manifestés pour alerter le monde sur le même sujet. Qu’attendons-nous pour agir ?

« Il sera bientôt trop tard… » titrait le Journal le Monde du mardi 14 novembre 2017 (1). Un cri d’alarme lancé par 15 364 scientifiques, issus de 184 pays, inquiets de l’avenir de la planète, suite à un rapport publié par la revue Bioscience du 13 novembre 2017 (2), alors que s’est déroulée du 6 au 17 novembre 2017 la COP23 sur le climat à Bonn (3).

Plus de 15 000 scientifiques ont signé un manifeste concernant l'état alarmant de la planète Terre
Plus de 15 000 scientifiques ont signé un manifeste concernant l’état alarmant de la planète Terre.

Cet appel incite l’humanité à changer radicalement de mode de vie afin « d’éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité ». « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse » (1).

L’affaire n’est pas nouvelle. Vingt-cinq ans plus tôt, en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio,1700 scientifiques — dont près d’une centaine de prix Nobel —, exhortaient le monde à réagir face à la destruction de l’environnement, dans un rapport publié World Scientist’s Warning to Humanity, soulignant combien notre espèce était « sur une trajectoire de collision avec le monde naturel » si elle ne réagissait pas. « Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un grand changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle » (4).

8 indicateurs sur 9 dans le rouge !

Le rapport de la revue Bioscience analyse l’évolution de 9 indicateurs mondiaux— entre 1960 et 2016 — dont 8 sont dans le rouge ! : ressources en eau douce, pêche, zones mortes maritimes, déforestation, abondance des vertébrés, hausse des températures, émissions de CO2 (dioxyde de carbone), croissance continue de la population mondiale. Le seul indicateur positif est la réduction de la couche d’ozone, réalisée par la communauté internationale.

À ces critères, on pourrait rajouter la pollution de l’air, la destruction des habitats naturels, le développement des espèces invasives, l’effondrement du nombre et de la diversité des insectes…

Les scientifiques sont tous unanimes : « L’humanité ne fait pas ce qui devrait être entrepris de manière urgente pour sauvegarder la biosphère menacée. […] Avec le réchauffement du climat, la planète se rapproche de certains points de bascule ». Il faut éviter de pousser les éco-systèmes au-delà de leur capacité à entretenir le tissu de la vie et éviter également d’engendrer des dommages graves et irréversibles dans la biosphère en la poussant au-delà de ses limites de tolérance.

Depuis 1992, qu’avons-nous appliqué ?

Depuis 1992, les problèmes se sont dangereusement aggravés. La population a augmenté de 35 % (plus de 2 milliards d’individus en plus, soit une population de 7, 590 milliards d’individus environ). Le climat est en train de changer, entre autres à cause de l’augmentation du volume de gaz effet de serre (GES) dégagé par le brûlage des combustibles fossiles et la hausse des températures. La déforestation et la production agricoles sont pratiquées de façon massive. Une extinction de masse (la sixième en 540 millions d’années) menace dangereusement la disparition de formes de vie d’ici un siècle.

Un changement individuel et collectif à appliquer

Le temps presse, disent les scientifiques, il est urgent de changer de comportement individuellement et collectivement.

Individuellement en limitant notre consommation et nos déchets, en évitant le gaspillage, en recyclant ou en réparant les objets nous-mêmes (Do it Yourself ou DIY), en éduquant enfants et adultes au respect de la nature…

Chacun de nous est concerné par ces changements y compris les élites politiques économiques… dont Bruno Latour dénonce la passivité dans son ouvrage Où atterrir, Comment s’orienter en politique (4). Il explique clairement qu’elles ont « de gros moyens et de grands intérêts » et sont « extrêmement sensibles à la sécurité de leur immense fortune et à la permanence de leur bien-être ». Elles souhaitent se mettre à l’abri hors du monde dans de luxueuses bulles, hors-sol, et laisser aux autres de soin de payer les pots cassés (5).

Collectivement, les gouvernements doivent prendre des mesures à appliquer immédiatement dans chaque pays, mesures qui sont également un devoir moral vis-à-vis des générations actuelles et futures dans la préservation de la planète.

L’humanité doit donc adopter une alternative durable économiquement, écologiquement et un changement de comportement et de mentalités. L’homme doit sortir de la caverne (monde d’illusion dénoncé par Platon), voir la réalité en face et agir. Pour cela, l’étude et la pratique de la philosophie devrait nous aider à nous changer pour devenir meilleur et devenir actifs pour que le monde devienne habitable, durable, animé par des valeurs de paix, de solidarité, de « bien vivre ensemble ».

Qu’attendons-nous pour agir ? Prenons de bonnes résolutions en ce début d’année 2018 !

(1) Lire l’article paru dans le journal Le Monde http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html
Et lire l’article paru dans Le Figaro
http://premium.lefigaro.fr/sciences/2017/11/13/01008-20171113ARTFIG00185-nous-mettons-en-peril
(2) Manifeste World Scientists’ Warning to Humanity: a second Notice, signé par William J. RIPPLE, Christopher WOLF, Thomas M. NEWSOME, Mauro GALETTI, Mohammad ALAMGIR, Eileen CRIST, Mahmoud I. MHAMOUD, William F. LAURANCE et 15 364 scientifiques, publié dans la revue Bio Science, Volume 67, Issue 12, 1 December 2017, pages 1026-1028
https://academic.oup.com/bioscience/article-abstract/doi/10.1093/biosci/bix125/4605229
(3) Depuis 1992, l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) lutte contre le réchauffement climatique à travers un groupe de pays réunis dans la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dont leurs représentants se réunissent une fois par an depuis 1995 à l’occasion de Conférences des Parties (COP ou CDP en français). La dernière COP a eu lieu à Bonn du 6 au 17 novembre https://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_de_Bonn_de_2017_sur_les_changements_climatiques et https://cop23.unfccc.int/fr
(4) Lire sur Facebook :https://www.facebook.com/EnMarche/posts/891613074350229
(5) Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Bruno LATOUR, Éditions la Découverte, 2017,160 pages, 12 €
(6) Lire l’article Platon, le Titanic et le réchauffement climatique, par Isabelle OHMANN, paru dans la revue Acropolis n°291 décembre 2017, page 2, et lire sur le site de la revue Acropolis www.revue-acropolis.fr
https://revue-acropolis.asbl.foodle.co/platon-le-titanic-et-le-rechauffement-climatique/?preview_id=6415&preview_nonce=d9e1e78ac6&_thumbnail_id=6418&preview=true

par Marie-Agnès LAMBERT
À lire
Le pouvoir de l’univers est en vous
Par Deepak CHOPRA et Menas KAFATOS
Éditions Guy Trédaniel, 2017, 323 pages, 22,90 €
Une exploration de la relation entre l’être humain et l’Univers par deux scientifiques mondialement connus, pionniers dans leur domaine ! L’un dans la médecine du corps et de l’esprit, l’autre dans le domaine de la physique quantique. Tous deux affirment que nous sommes les créateurs de la réalité : nous sommes l’Univers ! C’est un changement profond de paradigme !

 

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