Éloge du tango
Le tango argentin, dansé avec excellence, est une méditation en mouvement. Penser pour être, observer, agir ou décider de ne pas agir ; et ainsi savoir comment il faut se conduire dans sa vie personnelle et en couple, et dans la société des hommes.
Pour évoquer un peu rapidement les origines du tango, on y retrouve le déterminisme du flamenco, la puissance des danses africaines et la rigueur codée des danses européennes.
Se sentir vivant
Les chercheurs en neurologie ont déterminé que de tous ces cinq sens, le toucher – et être touché est ce qui procure le plus la sensation d’être vivant – de se sentir vivant !
Les danseurs en général, le tanguero et la tanguera, danseurs de tango de Buenos Aires et du Rio de la Plata, des années de la fin XIXe siècle, l’ont perçu, senti et pratiqué par la technique d’approche et de contact corporel appelé l’abrazo ou l’enlacement. A partir de cette posture de base qui lie les deux partenaires, le couple ainsi formé, s’élancera sur la piste de bal ou dans la rue ou sur une scène de spectacle.
La magie du mouvement qui crée du lien
Commence alors la marche du couple enlacé, qui se met en mouvement au rythme de la musique. La vie est mouvement, les choses et les êtres sont vivants parce qu’il y a mouvement, au rythme ou onde pulsionnelle, dès que l’être humain perçoit un son rythmé, il y a une réaction corporelle.
La musique nous met en mouvement et, lorsque cela se produit collectivement, rythmer ensemble en même temps sur la même musique, cela devient un facteur de lien social.
La marche du couple enlacé
Le tango argentin n’est pas un enchainement de figures « tournoyantes » à gauche, à droite, aussi belles soient les figures chorégraphiques correctement exécutées ; mais il est essentiellement une marche du couple enlacé. Le couple forme une structure pyramidale, dont la tête s’étire et soulève le ciel et les jambes à partir de la taille (la carena) s’enfonce dans le sol. Il faut être deux pour danser le tango, mais curieusement, le couple au tango ainsi connecté ne fait plus qu’un torse et quatre jambes. Comme un couple d’amoureux qui au début forme l’équation : 1 + 1 = 1 puis ensuite avec le temps 1 + 1 = 2. Autrement dit, le couple de danseurs est constamment dans l’illusion amoureuse !
Danser le tango constitue une manière d’engager son corps et son âme. C’est ainsi que l’étreinte (l’abrazo) peut être protecteur ou étouffant, la posture naturelle ou artificielle, le guidage (la marca) subtil ou dominateur.
Le tango exprime un torrent de sentiments
Le tango n’est pas une danse de figures mais une danse de guidage et des sentiments. Il n’est pas une danse d’exhibition, c’est une danse intime et fermée entre un homme et une femme.
Le danseur apprendra à marcher, à guider avec le haut du corps, à dissocier haut et bas du corps. Les jambes sont une conséquence de qui se transmet, se vit sentimentalement au niveau de l’abrazo, les jambes ne sont pas l’essentiel pour la danse, l’essentiel pour danser le tango, c’est le sentiment.
La danseuse travaillera sa marche et devra réussir à garder sa tonicité sur la jambe d’appui et à décontracter totalement la hanche et la jambe libre. Elle travaillera également la dissociation du haut et du bas du corps.
Quand tu laisses de danser le temps, tu commences à danser le sentiment.
Voir le site web de Sylvie Gerbi et Alexander Sossa, danseurs émérites du tango argentin à Paris.
Yves Montaud : dtm.y/free.fr
Yves Montaud
Animateur et promoteur du tango argentin dansé
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole
Yves Montaud
Animateur et promoteur du tango argentin dansé