Face à nos contrariétés Vaccin philosophique pour l’âme
La grandeur de la pensée stoïcienne est entre autres de s’appuyer sur la nature et le cosmos pour se resituer en tant qu’être humain faisant partie d’un tout. Nous sommes partie intégrante de la nature et notre nature est comme celle de l’univers. Et si au lieu de s’enfermer dans nos problèmes, on s’ouvrait à une réalité plus vaste ?
L’enseignement classique d’Epictète c’est d’apprécier que nous ayons en nous, une grande liberté, celle de ne pas nous laisser attraper par les représentations étroites et négatives des réalités qui nous touchent. Personne ne peut nous enlever cette liberté de changer notre regard sur les situations et les événements, sur notre entourage même, pour ne pas souffrir inutilement. Selon Epictète, « Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais les idées qu’ils se font des choses ». Et encore, « Il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous ». On a attribué à Marc Aurèle, cette sentence de sagesse : « Chaque jour, je dois trouver en moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux pas changer et la sagesse de distinguer entre les deux ».
La liberté et l’indépendance assurent au philosophe la paix intérieure, appelée par les stoïciens, ataraxia. Cette paix, cette tranquillité de l’âme, est certainement la valeur la plus haute dans l’homme, qui, au milieu des adversités, des troubles de la cité, des catastrophes cosmiques, reste imperturbable, sans indifférence pour autant. Juste assez sensible pour agir sans se laisser terrasser ou paralyser. La paix de l’âme ne vient pas du repli sur soi, cocooning, mais vient de la pratique de la vertu et de l’harmonie intérieure : elle se conquiert, elle se construit.
Ce noyau de liberté intérieure est inexpugnable, c’est notre citadelle intérieure, comme la nomme Marc Aurèle. Le philosophe qui s’exerce à la sagesse essaiera de densifier ce noyau intérieur, par des exercices spirituels de vigilance et d’attention à soi, par des examens de conscience, par des efforts de volonté et de mémoire qui assureront en lui la liberté de juger et l’indépendance à l’égard des désirs et des passions.
Pour cela il y a un petit exercice spécifique stoïcien qui est la réintégration dans le cosmos qui va nous aider à regarder nos contrariétés.
La base, c’est de nous réinsérer dans un grand TOUT en acceptant que le réel est notre représentation. Pour les stoïciens l’univers est vivant, il répond à un principe directeur qui dirige tout vers son évolution. Par la loi de correspondance, il en est de même pour l’homme, qui est conduit par son Hegemonikon, principe de raison et de sagesse qui le dirige.
Il n’y a pas de réalité autre que celle qu’on se représente. Changeons nos représentations et nous changerons ce qui nous fait souffrir. Il s’agit alors de nous recentrer sur l’âme, sur ce qui est essentiel en nous, sur le Cosmos, ce à l’intérieur de quoi nous participons.
Bonne pratique !
Exercice philosophique N°1 :
Mettez-vous face à une contrariété vécue : asseyez-vous confortablement et respirez tranquillement.
Discernez ce qui dépend de vous et ce qui ne dépend pas de vous !
Regardez-là et observez les effets qu’elle a sur vous.
Maintenant prenez de la hauteur !
Vous voyez la pièce où vous êtes, vous sortez par le toit, vous voyez la rue avec votre maison ou votre appartement, prenez encore un peu plus de hauteur et vous voyez votre quartier, puis vous voyez toute votre ville, avec toutes ses lumières. On décolle, et on va encore un peu plus haut, vous voyez toute la région vous distinguez les côtes, la France, le contour de l’Europe. Vous continuez à monter, monter… Et vous voyez la Terre, la petite planète bleue au loin. Vous essayez d’être là-haut et d’imaginer tout en bas là où vous étiez. Tout autour de vous, vous voyez les étoiles, le cosmos. Vous respirez !
Et vous redescendez dans l’autre sens. Vous voyez la Terre se rapprocher, vous voyez de nouveau la France, votre ville, la rue où vous habitez, votre immeuble, votre appartement… et vous ouvrez les yeux.
Ma contrariété est-elle différente maintenant ? et si oui en quoi ?