Histoire

Hatchepsout, la reine Pharaon

Dans l’Égypte antique, les femmes ont un statut privilégié qui leur permet d’exercer librement et en toute indépendance de nombreux métiers réservés aux hommes, notamment celui de Pharaon. Citons Hatchepsout qui a été Épouse royale, Pharaon, bâtisseuse, guerrière pacifique et politicienne avisée.

Dans la grande civilisation de l’Égypte antique, la femme est l’égale de l’homme. Loin de l’image de « propriété » de son mari que le patriarcat véhicule, la femme égyptienne peut être médecin, conseillère, prêtresse, femme d’affaires, artisan, scribe, vizir… Elle est libre, indépendante, peut épouser la personne de son choix et divorcer en gardant ses biens qu’elle peut léguer à qui elle veut. Aux plus hautes fonctions de l’État, elle tient le rôle de Grande Épouse royale, de régente et peut même devenir Pharaon.

Pharaon, un couple royal

La capacité de la femme à exercer la fonction royale est inscrite dans la loi dès la IIdynastie. Pharaon est un couple royal car il ne peut exercer son pouvoir sans sa « Grande Épouse » qui l’aide à célébrer les rites et à maintenir le lien entre les dieux et les hommes, le Ciel et la Terre. Le couple unit la Haute et la Basse Égypte, les principes masculin et féminin et résout les dualités en un équilibre dynamique. En revanche la femme Pharaon peut rester célibataire, cumulant les principes féminins, innés, et masculins, acquis lors de son couronnement. La reine a des fonctions politiques importantes. Elle est souvent conseillère du roi, grâce à son intuition, gère les doléances avec son époux, dirige le royaume lors des campagnes militaires du roi et participe de manière effective au gouvernement du pays et à sa politique extérieure. Sous la facette religieuse, elle accompagne le Pharaon dans les célébrations et les rites, comme le lever du Soleil, symbolisant la victoire de Râ sur les ténèbres représentées par le serpent Apophis, ou la crue du Nil, marquant le nouvel An.

Hatchepsout, de princesse royale à Pharaon

Figure représentative des différents rôles de la femme de pouvoir, Hatchepsout jouit d’une puissance sans précédent pour une femme, endossant l’ensemble des titres de Grande Épouse, régente et pharaon emblématique de la XVIIIdynastie. Son règne pacifique, de plus de 22 ans a largement contribué à la grandeur la prospérité et le rayonnement de l’Égypte de l’époque. À sa mort en -1457, Thoutmosis III lui succède.

Son nom signifie « Elle est à la tête des nobles dames ». Dès l’enfance, son père, Thoutmosis Ier, voit en elle des prédispositions exceptionnelles. Il lui donne une éducation de choix et l’associe à certaines fonctions royales. Après un tour d’Égypte où elle est présentée comme héritière, elle épouse son demi-frère Thoutmosis, fils d’une épouse secondaire, pour le légitimer à la succession. Au décès de son père, Hatchepsout devient Grande Épouse Royale de Thoutmosis II. Lorsque celui-ci décède en -1486, l’héritier, Thoutmosis III n’a que 5 ans. Hatchepsout devient régente. Sept ans après, elle se fait couronner Pharaon et prend le nom de Maat-ka-Ré (la justice et l’énergie de Ré), réalisant un oracle prédit des années plus tôt.

Bâtisseuse, guerrière pacifique et politicienne avisée

Accomplissant sa mission envers les Dieux, elle fait ériger les obélisques à Karnak, restaure et fait construire nombres de temples à Thèbes, Kom Ombo, Louxor, ainsi que son « temple des millions d’années », à Deir el Bahari, consacré à son propre ka, (1) à Amon et à Hathor.

Durant son long règne pacifique, elle assure l’autorité et la puissance de l’Égypte en faisant régner l’ordre aux frontières et en réorganisant l’armée.

Dans sa politique étrangère elle rétablit les routes commerciales, fait rouvrir les mines de cuivre et de turquoise du Sinaï et les mines d’or du Sud de l’Égypte.

Repoussant les ténèbres des peuples qui ne vivent pas selon la Maât, elle organise des expéditions au fabuleux pays de Pount (Somalie) et en ramène de multiples richesses (myrrhe, ivoire, or, bois précieux, arbre à encens pour les pratiques rituelles…).

« Puissance de la lumière divine »

Par le mythe de sa naissance divine, et par sa fonction de pharaon, Hatchepsout incarne la puissance des Dieux et Déesses. 

Elle est Isis personnifiée. La déesse rassemble les morceaux du corps de son époux Osiris. Pharaon unifie les régions d’Égypte. La magicienne se féconde pour donner naissance à Horus. Comme elle, Hatchepsout joue le rôle d’un homme, bien qu’elle soit une femme.

Dans son temple Djéser Djéserou (le sacré des sacrés), Hatchepsout apparaît sous les traits d’Osiris. Celui-ci est doté du fouet et du crochet croisés sur son plexus, représentant l’harmonisation de l’amour et de la guerre. Elle y honore Hathor, déesse de l’amour et de la maternité. La déesse-vache, nourrice de Pharaon lui transmet sa puissance.

Sur les murs du temple sont représentées les différentes étapes du défunt dans la vie après la vie. En assurant la puissance et l’unité de l’Égypte, elle fait régner Maât sur Terre.

Par son parcours sa liberté et sa force, Hatchepsout, femme d’exception illustre la quintessence de la place de la femme en Égypte. Elle peut inspirer en donnant un nouveau regard sur le passé, pour mieux se réaliser dans le monde actuel, selon la justice, l’équité et l’harmonie universelle.

À lire

Christiane Desroches Noblecourt
  . La femme au temps des pharaons, 1986, Éditions Stock1986 
La reine mystérieuse Hatchepsout, 2002, Éditions Pygmalion
Fernand Schwarz : Égypte, les Mystères du Sacré, 1986, Éditions du Félin
Christian Jacq
            . Les Égyptiennes, Éditions Perrin, 1999  
. Ces femmes qui ont fait l’ÉgypteD’Isis à Cléopâtre, Éditions XO, 2018
Florence Quentin, Les grandes souveraines d’Égypte, Éditions Perrin, 2021
Collectif, Égyptomania, une collection du journal Le Monde, Volume n° 8, 2016 

par Sylvie GALISSOT, Monique WEBER et Loïc YAMBILA
Membres de Nouvelle Acropole Strasbourg
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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