Hommage à Jorge Angel Livraga fondateur de Nouvelle Acropole
Jorge Angel Livraga, fondateur de l’association internationale Nouvelle Acropole et auteur de nombreux ouvrages, est mort le 7 octobre 1991 (Lire les articles commémorant les 30 ans de sa mort (1)). Une occasion de redécouvrir cet homme dont le destin s’est inscrit dans l’histoire.
Nous publions ici des extraits d’un entretien réalisé en 2022 (2) avec Délia Steinberg Guzman, Présidente d’honneur de Nouvelle Acropole (qui a succédé à Jorge Angel Livraga après sa mort). Elle explique comment a été sa vie auprès de son maître.
Acropolis : Comment fut votre vie à côté du Professeur Jorge Angel Livraga ?
Délia Steinberg Guzman : Au cours des vingt-cinq années que j’ai passées auprès du Professeur Livraga, j’ai participé à des moments exceptionnels en raison de sa valeur humaine. Tant dans les cours de philosophie que j’ai reçus que dans des conversations informelles avec d’autres camarades de cours, nous partagions des connaissances sur l’art, la science, l’histoire et bien d’autres encore… Cela nous a enrichis de manière claire, simple et efficace. Chaque jour était spécial et, en ce qui me concerne, j’ai reçu des leçons théoriques et pratiques du genre de celles qui deviennent des références pour la vie.
La formation qu’il avait lui-même reçue par l’intermédiaire de ses propres maîtres nous est apparue clairement, car nul ne peut créer une école de philosophie de cette envergure sans avoir reçu, à son tour, une éducation riche de ces valeurs humanistes. Nous savons qu’il a eu plusieurs années de préparation, et que de nombreuses leçons allaient et venaient par courrier.
Il nous a expliqué qu’à certaines occasions, ses monographies revenaient dans une enveloppe, soigneusement découpées aux ciseaux, sans autre explication ; il fallait chercher l’erreur et la corriger jusqu’à trouver la bonne solution, auquel cas d’autres explications appropriées arrivaient.
C’est peut-être cette instruction qui a rendu sa patience immense et il était toujours prêt à répondre à nos questions. C’est la première personne que j’ai parfois entendue dire « je ne sais pas », et cela m’a inspiré une grande confiance. Seuls les vaniteux sont sûrs de tout savoir.
Ses manières étaient amicales et proches, même s’il savait aussi garder les distances nécessaires pour ne pas dénaturer les relations humaines, mais au contraire, les rendre plus dignes et sereines. Je n’ai jamais entendu un mot désagréable de sa part et il avait la capacité de montrer nos erreurs comme si nous les avions découvertes nous-mêmes.
Nous l’appelions affectueusement JAL, en utilisant les initiales de ses prénoms et de son nom. C’était une dénomination à la fois amicale et respectueuse.
Il est difficile de trouver une personne d’une telle stature morale, philosophique et spirituelle, qui utilise un langage et des exemples si naturels que n’importe qui peut les comprendre.
Heureusement, ses écrits et les images de tant de bons moments partagés le gardent vivant dans ma mémoire et dans celle de beaucoup d’autres.
(1) Lire les articles parus dans les revues N° 333 et 334
https://revue-acropolis.asbl.foodle.co/hommage-a-jorge-angel-livraga
https://revue-acropolis.asbl.foodle.co/hommage-a-jorge-angel-livraga-la-philosophie-a-la-maniere-classique-2/
(2) Interview de Délia Steinberg Guzman sur You Tube
https://www.youtube.com/watch?v=i2oka6LkQSM
Quelques citations de Jorge Angel Livraga, tirées de Prends ton envol, Éditions Nouvelle Acropole, 1991
« Il est indispensable que l’homme se sente à nouveau partie de l’univers ; ni son propriétaire, ni son esclave. »
« Si les hommes ont construit des églises pour arriver jusqu’à Dieu, la divinité a élevé les merveilleux temples de la Nature pour s’approcher des hommes. »
« Seules les entreprises difficiles valent la peine d’être réalisées. Il y a donc un mystère reliant ce qui est difficile et ce qui est valable. Où trouverions-nous la force pour essayer si nous n’avions pas un Idéal qui nous montre la route comme une étoile au milieu de la nuit ? La vision de cette étoile nous permet, en la retrouvant jour après jour, de ne pas tourner vainement en rond mais de nous diriger vers notre but. Cette étoile est notre Idéal. »
« Ne crains pas le mystère. Deviens son fils préféré ; sache que le mystère le plus grand, la racine même de l’énigme, est le moteur de l’univers. C’est vers Lui que conduit la sagesse. »
« L’homme porte en lui les archétypes de toute l’humanité. Chacun de nous est, d’une certaine manière, le reflet des autres. Chacun de nous possède en lui tous les rêves des hommes qui ont vécu avant lui et qui vivront après lui. »
« L’histoire ne se fait pas avec les paroles, elle se fait avec les actes et les réalisations de chacun. »
« L’héroïsme consiste à savoir lutter avec des armes brisées et non avec des armes intactes. »
« Si chaque jour vous vainquez en vous-même une mauvaise tendance, si chaque année vous dominez un vice, si chaque décennie vous parvenez à améliorer la maîtrise de vous-même, vous participerez vraiment à la construction de l’histoire, car en plus de vous-même, c’est toute l’Humanité que vous aiderez. »
« Chacun de vous est plus fort qu’il ne l’imagine. En chacun de vous existe un monde de rêves et de pouvoirs, la et capacité de renouveler le monde entier. »
« Il ne suffit pas de changer le monde et cela n’est pas nécessaire ; il suffit de changer la perspective que l’homme a du monde. La clé est en l’homme et lui est la clé de toute chose. »
« La technique nous a amenés jusqu’à la Lune. C’est à la philosophie de nous amener jusqu’à nous-mêmes. »
« Nous devons nous habituer aux difficultés, devenir forts et ressusciter en nous l’esprit héroïque. »
À lire :
Le maître et le disciple
Le voyage initiatique
par Pierre Yves ALBRECHT
Éditions Phil Aurora, 2021, 192 pages, 16 €
Sous forme de roman, ce livre explore l’initiation et les rites de passage . Le commandant d’un navire, Arif, « Celui qui sait », recueille un naufragé Alim, « Celui qui cherche » et à partir de là, se crée une relation de maître à disciple. Partir du fait, connaître la forme, consolidée par l’acte qui est devenu joie, source et la fin. C’est là tout le parcours que propose Arif à Alim.
par Marie Agnès LAMBERT
Rédactrice en chef de la Revue Acropolis
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La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole