L’enfance de Gorki
L’histoire de l’enfance de Gorki, cri d’appel pour une vérité d’amour et de justice.
À onze ans et demi, son grand père lui déclara qu’il ne pouvait plus le nourrir. Alors l’orphelin partit de par le monde en gagnant son pain. Enfant du peuple, Maxime Gorki interrogea ses compagnons de route et chercha à pénétrer la raison de leur acte et de leurs sentiments. Enfant, il était passionné, réfléchi et dévoré du désir de s’instruire. Au fur et à mesure qu’il découvrit les hommes il ne découvrit qu’une société corrompue par l’argent.
L’oeuvre de Gorki (1868- 1936) est un cri d’appel pour une vérité d’amour et de justice. Tout est dit dans une fulgurance poétique rare. L’oeuvre du réalisateur Mark Donskoï, L’enfance de Gorki, est une longue histoire d’amitié avec ce génie de la littérature. On peut dire qu’il est son double dans le cinéma. C’est la fusion d’un même regard sur le monde, quelque chose de rare dans l’histoire de l’art. D’origine ukrainienne Mark Donskoï devait adapter plusieurs livres de l’écrivain.
L’enfance de Gorki est le premier volet d’une trilogie qui se poursuivit avec En gagnant mon pain et Mes universités. Donskoï adapta aussi deux autres chef d’oeuvre de Gorki : La mère et Thomas Gordeïev. Le plus ignoré aujourd’hui des grands réalisateurs russes, Mark Donskoï, utilise la métaphore avec une approche poétique aussi forte que celle de son maître. Son univers est contemplatif. Il capte la vie dans son écoulement. Comme les 14 grands visionnaires il aime garder dans le temps des moments d’éternité. Pour cela il dilate ce temps. Les saisons, leur rythme, introduisent une respiration. Dans des paysages splendides passe le grand souffle cosmique.
Un film de Donskoï se reconnaît très vite au delà des métaphores qui participent au mouvement du film, par sa bande sonore. Elle fait corps avec le contenu en intensifiant encore sa charge émotionnelle. Ami du compositeur Lev Schwartz, qui écrivit la musique de presque tous ses films, dans le même mouvement poétique, il puise aussi dans le folklore. Un cinéaste au premier degré communiste dans son discours (règne du tsar Staline) mais au second totalement christique. Ainsi dans L’enfance l’apprenti Tziganok meurt écrasé sous le poids d’une immense croix votive qui marque le terme de son long martyr. Un enfant foudroyé par une balle tombe les bras en croix au milieu des pigeons. Souvent des femmes se signent et embrassent la terre.
Donskoï aimait répéter cette phrase de Gorki : «Ce que l’humanité a créé de plus grand, ce sont les deux symboles qui expriment ses aspirations suprêmes, le Christ, immortelle idée de charité et de miséricorde et Prométhée ennemi des dieux, le premier qui se fût révolté contre le destin.» Film interprété par Alekseï Peshkov, Varvara Massalitinova, Mikhaïl Troyanovsky, d’après le roman autobiographique de Maxime Gorki.
Par Lionel TARDIF
Mardi 12 décembre 2014
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