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L’origine du langage

Comment est né le langage ? Question à laquelle il est bien difficile d’apporter une réponse. Nous allons présenter sur le sujet l’apport de H.P. Blavatsky qui, dans le tome III de la « Doctrine Secrète » (1) traite de l’anthropogenèse et dans lequel elle parle de la naissance du langage.

Remarque : il s’agit du langage parlé, articulé, celui qui est propre à l’être humain car il existe d’autres types de langage comme le langage des signes, le langage non verbal que possèdent les animaux, etc.

H. P. Blavatsky : ses sources

Au XIXe siècle, Helena Blavatsky, d’origine russe, rapporta en Occident, d’un long séjour en Orient, où elle eut accès aux bibliothèques de lamaseries tibétaines, des archives extrêmement anciennes sur les origines et l’histoire de l’Humanité. Elle les mit à la disposition des Occidentaux dans plusieurs ouvrages, dont le principal est la Doctrine Secrète, et dans les cours qu’elle donna dans le cadre du mouvement qu’elle fonda alors, la Société théosophique.
Violemment contestée à son époque, elle l’est encore aujourd’hui par les tenants d’un rationalisme ou d’un matérialisme strict. Il est cependant intéressant de se pencher sur son apport qui ouvre des perspectives étonnantes. 
Selon ce qu’elle apprit alors, l’Humanité, beaucoup plus ancienne qu’on ne le suppose aujourd’hui, traversa dans son développement et son évolution, plusieurs phases, extrêmement longues elles aussi. Voici ce qu’elle dit de l’origine du langage et de sa genèse au cours de chacune de ces phases.

Un développement par étapes

Au cours de la première phase, « l’Humanité était dépourvue de langage, au sens que nous donnons à ce mot. » Elle percevait les vibrations, ce qui lui permettait de se déplacer en évitant les obstacles.
Durant la deuxième phase, « l’Humanité possédait un langage [très codé et puissant] composé de sons chantants constitués uniquement de voyelles. » 
Au cours de ces deux étapes, les êtres humains avaient un langage lié aux sens mais pas de langage articulé, ils n’avaient pas la parole.
L’Humanité, lors de la troisième étape, « développa d’abord un genre de langage qui ne constituait qu’un léger perfectionnement des divers sons de la Nature. » Plus tard, apparut un langage très rudimentaire, monosyllabique, qui coïncida avec un début d’apparition de la capacité de raisonnement. 
C’est vers la moitié de la troisième étape que commença à émerger le langage articulé.
À la fin de cette troisième étape, « l’Humanité entière parlait une seule et unique langue ». 
« Le langage ne pouvait bien se développer avant l’acquisition et le développement complet de la faculté de raisonnement. » 
C’est durant la quatrième phase que les Atlantes développèrent complètement le langage et « laissèrent à celle qui est actuellement la nôtre, en guise d’héritage, des langues hautement développées. »
Le développement du langage prit de l’ampleur, il y a environ 18 millions d’années, au moment de la différenciation des sexes. L’être humain était alors en état de commencer son expérience propre. 

Remarques sur le rôle du langage

• La pensée et le langage sont propres à l’être humain. Pour faire connaître ses attirances et ses répulsions, il n’est pas nécessaire : les animaux se font comprendre sans langage.
•  L’apparition du langage est subordonnée à l’acquisition du mental : il n’y a pas de pensée sans langage et inversement. 
• Le langage est nécessaire pour expliquer ou exprimer ce qu’on a compris au niveau de la pensée. Il permet de transmettre et de créer la culture. 
• Précisons les deux facettes du langage, le langage raisonné qui s’adresse à l’intellect et le langage symbolique qui s’adresse à l’âme, tel, entre autres, celui de la poésie.  
• Rappelons que le langage a d’abord été oral et que l’écriture, d’après les recherches actuelles, est d’origine infiniment plus récente, à l’échelle de l’histoire de l’Humanité. 

La diversification des langues 

Un consensus existe actuellement pour penser que 7000 langues sont aujourd’hui parlées dans le monde. Et c’est sans compter toutes celles qui ont été parlées et qui ont disparu. 
Comment expliquer cette diversification qui n’a pas manqué de provoquer des interrogations, comme l’illustre le récit que donne la Bible de l’histoire de la Tour de Babel (2) :
« Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’Orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Shinéar [Sud de la Mésopotamie] et s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre ; “Allons ! faisons des briques et cuisons-les au feu !” La brique leur servit de pierre et le bitume de mortier. Ils dirent : “ Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! ”
Or, Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : “Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres.” Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre. »
On peut supposer que ce n’est pas Dieu qui a puni les hommes mais ces derniers qui, dans leur orgueil, provoquèrent la multiplication des langues. Elle aurait eu lieu au temps des Atlantes (quatrième phase). C’est le sentiment de leur supériorité et leur volonté de se séparer et de se différencier des autres qui furent à l’origine des différentes langues.
C’était également un passage obligé pour acquérir des formes plus élaborées de langage, à travers la différenciation croissante des peuples qui n’évoluaient pas tous de la même façon, dans la même direction ni à la même vitesse. Les langues changent en fonction de l’évolution des peuples qui les parlent et de leurs besoins. 
Nous poursuivrons cette ouverture dans un article – bien plus consensuel – sur les familles de langues.

(1)  Particulièrement dans la stance IX, sloka 36.  
(2) Livre de la Genèse, 11, 1 à 9 (Bible de Jérusalem) 
par Marie-Françoise TOURET
Formatrice à Nouvelle Acropole Paris V
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

 

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