Louise Weiss, muse de l’Europe
Louise Weiss (1893-1983) fut une femme d’influence. Journaliste, écrivain, féministe, elle s’est lancée dans la politique et a consacré sa vie à tous les combats du XXe siècle : la promotion de l’unité européenne, la défense des droits des femmes et la construction de la paix.
Agrégée de Lettres en 1914, Louise Weiss fonda la revue géopolitique L’Europe Nouvelle en 1918. À travers son métier de journaliste elle jouera un rôle majeur dans l’histoire démocratique française. Son journal devient porte-parole de la Société des Nations (SDN), organisation créée au moment de la ratification du Traité de Versailles (1). Elle défend ainsi la création d’une structure supra gouvernementale capable, selon elle, de rendre plus efficace les décisions des alliés.
Elle combat activement pour le droit civique des femmes car elle est convaincue que la présence de femmes dans les instances du pouvoir peut préserver la paix en Europe. Elle fait naturellement campagne pour le suffrage des femmes entre 1934 et 1936 : Sa connaissance du milieu médiatique et ses réseaux sont mis au service de la campagne et elle scénarise intelligemment ses différentes interventions.
Elle devient grand reporter, documentariste car elle veut « tout voir et tout savoir ». Elle rend de tels services aux intérêts français et humains que le grade de Chevalier puis d’Officier de la Légion d’Honneur lui sont conférés en 1925 et 1934.
Confidente de ceux qui ont fait l’Histoire…
Elle côtoie Aristide Briand, Anatole France, Paul Claudel, Georges Duhamel, Guillaume Apollinaire, Philippe Berthelot … « fait la guerre à la guerre », fonde en 1930 la « nouvelle École de la Paix » qui s’adresse à toute personne préoccupée par la construction européenne de la paix, et co-construit en 1975, à l’Université de Strasbourg, avec Gaston Bouthoul, l’institut de Polémologie (étude des guerres sous l’angle sociologique) qui essaimera ensuite dans plusieurs pays en l’Europe. Elle crée également la fondation « Louise Weiss » qui honorera toute personnalité ou institution ayant contribué à l’avancement des sciences de la paix et à l’amélioration des relations humaines en faveur de l’Europe (2).
… Doyenne du Parlement Européen…
Lors des premières élections européennes en 1979, elle sera élue au suffrage universel direct et deviendra ainsi à 86 ans, l’une des premières députées européennes. Elle en sera la doyenne de 1979 à 1983.
Son discours du 17/07/79 est resté dans les mémoires.
« Les étoiles du destin et les chemins de l’écriture m’ont menée à cette tribune pour y vivre, présidente d’un jour, un honneur dont je n’aurais jamais osé rêver et une joie, la joie d’une vocation de jeunesse miraculeusement accomplie .[…] Impossible de concevoir une Europe sans européens. Les institutions communautaires ont fait des betteraves, du beurre, des fromages, des vins, des veaux, voire des cochons européens ; elles n’ont pas fait d’hommes européens. Sauvegardons le bien le plus précieux à savoir notre culture et notre fraternité en cette culture. »
La crainte de Louise Weiss était que l’Europe ne soit qu’une techno-structure coupée des peuples. Son idéal d’Europe était une Europe des cultures et des peuples, soucieuse du respect des spécificités de chacun, en respectant l’attachement de chacun à son pays, à sa nationalité et en transcendant les frontières.
Reconnaissant l’apport fondamental de Louise Weiss à la cause de l’Europe, le Parlement européen décide de donner le nom de Louise Weiss à son principal bâtiment à Strasbourg, auparavant connu sous le nom d’IPE4.
Louise Weiss reste et restera un symbole inspirateur pour plusieurs générations de combat pour la paix, la liberté et la démocratie.