Arts

Maria Knotenlöserin ou « Marie qui défait les nœuds »

« Marie qui défait les nœuds » est, sans doute, une des multiples appellations données à la Vierge Marie ou Immaculée Conception. On dit qu’il y en aurait près de deux mille. Généralement, ces appellations se traduisent par une apparition. Ce n’est pas le cas de notre histoire qui reste encore à ce jour, un mystère …

Tout commence à Buenos Aires, noël 1986. Monseigneur Jorge Bergoglio, recteur de l’Université Jésuite de El Salvador, reçoit une carte de vœux d’Allemagne. Il s’agit d’une reproduction d’un tableau de la Vierge qui se trouve dans une église à Augsbourg (1). Le futur Pape, qui a toujours été sensible à la dévotion mariale, décide à son tour de faire imprimer des cartes à l’effigie de cette Vierge dite « la Vierge Marie qui défait les nœuds ».

Une inspiration divine

Madame Ana Berti de Betta habite Buenos Aires ; elle est professeur d’économie. 
Un jour, elle découvre avec ravissement une de ces cartes et éprouve le désir de recomposer le tableau dans ses dimensions premières. Elle a des dons artistiques, mais qui se limitent au dessin au fusain et n’a aucune expérience ni de l’aquarelle, ni de la peinture à l’huile. Alors, elle aurait demandé à la Vierge son autorisation et sa Grâce avant de se lancer dans une telle entreprise. Elle doit se servir d’une loupe pour voir la reproduction et va travailler les samedis et dimanches pendant trois mois. Elle dit que, par moments, il lui semblait perdre la raison et qu’une présence surnaturelle agissait sur les pinceaux dont elle n’était plus maître. La peinture est à peine sèche et elle va l’offrir à Monseigneur Bergoglio, qui la reçoit avec joie… Ce premier tableau sera exposé à l’Université Jésuite de El Salvador, où il est toujours.

Ana Berti de Betta peindra, inlassablement et successivement, quatre tableaux du même modèle et, ce, sans jamais avoir vu l’original ! Puis, enfin arrive le moment où Ana Berti de Betta peut découvrir l’original à Augsbourg. On peut imaginer son émotion…

Le tableau du Vatican, vu dans le monde entier

En réalité, le monde entier a vu, probablement, ce tableau au Vatican, sans le remarquer. En effet, le 13 mars 1993, Monseigneur Bergoglio devient Pape sous le nom de François et une de ses premières initiatives est de commander une reproduction du tableau. Ce tableau va être placé d’abord dans le salon de la Maison Sainte Marthe, là où le Pape reçoit les Grands de ce monde. 
Il faut dire l’espérance et l’enthousiasme que cette nouvelle dévotion à la Vierge Marie a suscités et en particulier, parmi les jeunes. C’est la paroisse de San José del Talar, à Buenos Aires qui en est le point de départ. Cette ferveur religieuse se répand en Argentine, puis dépasse les frontières et touche les populations latino-américaines jusqu’au Nouveau Mexique. Elle atteint les milieux catholiques du Canada et elle franchit les Océans. En France, elle est présente à Bollène et à Toulon au siège de l’association pour la France de « Marie qui défait les nœuds ».

Le cœur de l’histoire de Marie qui défait les nœuds

L’original est en réalité un ex-voto commandé par un prêtre, Jérôme Ambroise Langenmantel, qui a voulu remercier la Vierge Marie pour son soutien apporté à ses grands-parents lors d’une situation familiale surprenante.
En 1615, les grands parents du commanditaire de cet ex-voto, mariés depuis trois ans, sont dans une grande difficulté conjugale. Il semble n’y avoir qu’une solution : la séparation. 
C’est alors que le jeune mari, Wolfgang, conscient de sa responsabilité de chef de famille, décide avec beaucoup d’humilité, de s’adresser à la « Vierge trois Fois Admirable ». Le jeune époux parcourt à pied, dit-on, une distance de plus de cinquante kilomètres tous les samedis pour prier.
Puis, au bout d’un mois, un évènement étrange a lieu : les nœuds du ruban de mariage se défont et le ruban redevient d’un blanc éclatant. Une tradition en Bavière, pendant la cérémonie de mariage, était d’unir les mains des mariés avec un ruban blanc. Or, à ce ruban, Sophie, l’épouse très contrariée, avait fait un nœud à chaque querelle de ménage. Après cette date, comme par miracle, le couple reprend la vie commune et vit dans l’harmonie. Mais l’histoire a marqué les esprits de la région.

Le tableau d’Augsbourg

Si on y réfléchit, ce tableau n’a rien d’exceptionnel dans sa facture. C’est le thème original des nœuds et l’impression qui s’en dégage qui touchent au plus profond.
La première raison est la « proximité de la Vierge… II émane d’elle « une force tranquille ».
Toute l’attention de l’Ouvrière céleste est concentrée sur un travail bien précis : défaire les nœuds d’un ruban blanc. La tête, un peu penchée sur l’ouvrage, elle semble à l’écoute et du Ciel et de la Terre.
Le blanc du ruban fait ressortir la tunique rouge et le bleu profond de l’étole.
Le haut du tableau est fait de légèreté : c’est le Ciel, avec la présence d’angelots et d’une colombe blanche, le Souffle divin. Au bas du tableau, la Vierge tient le serpent sous son pied : c’est la terre. De sa main gauche, elle défait les nœuds que lui tend un ange de dos, symbole de l’adversité, faite des épreuves et de nos propres errances. De sa main droite, sort un ruban lisse, immaculé, purifié que prend un ange qui « fait face ».

L’homme est comme elle, entre Ciel et Terre. Si nous voulons avancer dans nos chemins respectifs, nous devons nous libérer des maux provenant des situations parfois inextricables, bloquées que nous nous sommes souvent, nous-mêmes créées. Et apprendre à défaire les nœuds de nos vies, à nous libérer des chaînes qui entravent nos pensées, nos sentiments et nos actions. Et nous serons féconds comme semble l’indiquer la rondeur de la Vierge, perceptible sous sa robe rouge…

(1) Ce tableau est visible, en Allemagne, à Augsbourg dans l’église Saint Pierre de Perlach qui a été celle d’Ambroise Langenmantel. Il mesure 1.80 x 1.10m. 
Il a été exécuté en 1700, dans un style baroque, par un peintre allemand qui a longtemps étudié en Italie. Il s’agit de Johann, Melchior Schmidtner (1625-1705), à qui on attribue près de 200 œuvres, dont un seul tableau nous est parvenu, celui-ci
Sylvie SÉNÉCHAL
Membre de Nouvelle Acropole 
et Hélène SERRES
Formatrice en Philosophie à Nouvelle Acropole
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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