Permaculture, guérir la terre, nourrir les hommes
En 2004, Perrine et Charles Hervé-Gruyer créent la Ferme du Bec Hellouin, en Haute Normandie. Cette ferme fait aujourd’hui référence en matière d’agriculture naturelle et attire des visiteurs du monde entier.
Ce récit est celui d’une famille qui a réussi à créer, en quelques années seulement, une oasis de vie généreuse sur des terres peu fertiles. C’est également une vaste enquête menée autour du monde, à la rencontre de pionniers de l’agriculture qui explorent des voies novatrices et inventent le monde de demain. La démarche de Perrine et Charles Hervé-Gruyer repose sur la permaculture. Son principe est de prendre la nature comme modèle et de concevoir des installations humaines fonctionnant comme des écosystèmes productifs et économes en ressources. Leur aventure est ponctuée d’heureuses découvertes, d’échecs, de moments de découragement aussi. Mais tout a servi pour mener à bien un projet qui se redessine chaque jour.
Une écologie spirituelle
Les résultats obtenus à la Ferme du Bec Hellouin stupéfient aujourd’hui les agronomes. En travaillant entièrement à la main, Perrine et Charles produisent des récoltes abondantes et de qualité sur une petite surface. Ils créent de l’humus, aggradent la biodiversité (aggrader, c’est le contraire de dégrader), embellissent les paysages, en stockant du carbone dans les sols et les arbres. Ils ont dessiné et créé des îles-jardins, une forêt-jardin, un jardin mandala. Ce qui ressort clairement du livre, c’est que le succès ou l’échec d’une agriculture naturelle ne tient pas tant aux techniques utilisées, qu’au positionnement face à la biosphère, aux représentations mentales sur la nature et le métier de paysan. Une autre appréhension du temps. Comme le disent les auteurs, « notre manière de façonner les paysages que nous habitons reflète nos paysages intérieurs. L’écologie commence au fond de nous, elle est spirituelle. »
La tradition des jardiniers-maraîchers parisiens
Ce que l’on a pu oublier, c’est que les jardiniers-maraîchers parisiens du XIXe siècle étaient parvenus à un niveau d’excellence que peu de maraîchers contemporains atteignent. Ils étaient les « orfèvres du sol » pris encore aujourd’hui comme référence par de multiples pratiquants du maraîchage, sur tous les continents. Une étude agronomique menée en partenariat avec d’éminents chercheurs démontre la pertinence sociale, économique et écologique d’une agriculture permaculturelle qui dessine une nouvelle manière d’être paysans au XXIe siècle, source potentielle de millions d’emplois.
« Acceptons de prendre du recul par rapport aux formatages que nous subissons tous, afin de considérer la question de notre avenir commun avec davantage de hauteur. Osons imaginer l’inédit. Prenons le meilleur des multiples traditions de l’humanité, et le meilleur de la modernité, pour forger un monde qui n’a encore jamais existé. Soyons des explorateurs de l’avenir ! »