Soi-même comme un roi Essai sur les dérives identitaires
par Élisabeth ROUDINESCO
Éditions Seuil, 2021, 286 pages, 17,90 €
Depuis une vingtaine d’années, les mouvements de contestation s’attachent plus à protéger les populations de ce qui les menace : inégalités croissantes, invisibilité sociale, misère morale, que de transformer le monde pour qu’il soit meilleur. Chacun cherche à être soi-même comme un roi et non pas comme un autre et l’identité se traduit par le repli. Le phénomène d’« assignation identitaire » monte en puissance et implique la société tout entière. En témoignent l’évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l’idée de race. Mais parallèlement, la notion d’identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l’extrême droite française, habités par la terreur du « grand remplacement » de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l’autre bord récusent : l’identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale.
La solution pour l’auteur, psychanalyste, pour se sortir de ce monde de désespérance est de se tourner vers un monde possible où chacun adhérerait au principe du « je suis Je, voilà tout » sans contester la diversité des communautés humaines ni « essentialiser l’universel » ou la différence « ni trop près, ni trop loin ».