Tout ce que le Ciel permet
Dans le cadre des Toiles du mardi, Lionel Tardif, écrivain, cinéaste, metteur en scène de théâtre, directeur de centre culturel, organisateur de festivals de cinéma, de musique sacrée réalisateur propose la projection de deux films : La monoforme (propos de Peter Watkins sur le cinéma en 2001) et Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk, réalisé en 1955)
La monoforme
Film américain de de Douglas Sirk
Propos de Peter Watkins sur le cinéma (2001)
En prélude à la projection du film Edvard Munch, la danse de la vie, le 16 mai 2017.
Inventé par Peter Watkins lui-même, ce mot analyse les techniques de réalisation hachées, rapides, standardisées et interchangeables qui modifient l’information et biaisent sa communication, dans le but de tromper, manipuler ou d’endormir le public. On utilise la méconnaissance de la masse pour la manipuler, la tromper, l’endormir. Très vite, Peter Watkins s’est particulièrement attaché à la critique des médias de masse. Il s’est particulièrement intéressé à revisiter l’histoire et cela a déplu aux instances politiques ou audiovisuelles (Grande-Bretagne, Suède, États-Unis, Danemark, France) qui font retirer ses films (La Bombe, La bataille de Culloden, Privilège, Les gladiateurs, Punishment Park, The seventies people, La Commune…) des écrans ou renoncent à les montrer. À chaque film, il dénonce les absurdités de la guerre avec ses dessous, la symbiose des médias de masse avec les gouvernements, le détournement des jeunes de la politique, les manigances internationales pour les partages des intérêts aux dépens des peuples, la menace du nucléaire et encore quelques autres thèmes qui détournent la vérité au profit du pouvoir et de l’argent. Pourtant des, artistes comme Peter Watkins sont les porteurs de semences nouvelles pour accoucher d’une société planétaire.
Tout ce que le ciel permet
De Douglas Sirk
Carey Scott, une jeune et jolie veuve, mène une vie terne et sans histoire dans une petite localité de Nouvelle-Angleterre, se consacrant au bonheur de ses deux enfants Ned et Kay, qui viennent d’entrer à l’Université. Cary se lie d’amitié avec Ron Kirby, le jardinier, et en tombe amoureuse malgré les commérages du quartier et l’opposition de ses enfants…
Cette histoire simple, réalisée en 1955 possède la force des grandes tragédies. L’amour que partage le jardinier et la riche veuve esseulée est en effet aussi simple que fulgurant, et les mesquineries de ceux qui tentent d’empêcher cet amour semblent relever d’un complot universel et machiavélique.
Les films de Douglas Sirk (Écrit sur du vent, La ronde de l’aube, Le temps d’aimer et le temps de mourir, Le mirage de la vie) s’embarrassent peu de psychologie et les sentiments qui habitent ses protagonistes sont immuables. Pour cela il faut briser les barrières sociales et morales afin de vivre pleinement au plus près de son âme. Et ce retour aux sources, ce chemin vers le cœur ne peut s’accomplir que dans la révélation de la beauté du monde… de la nature.
Cette philosophie est héritée de l’écrivain américain Henri David Thoreau. (Walden est le livre de chevet du jeune jardinier). Comme toujours Douglas Sirk crée un langage cinématographique unique, prêt à rendre au plus près la vérité du cœur. Une loi supérieure anime les êtres et les dépasse. Il y a dans ses films un signe que l’homme voit ou ne voit pas et qui, en fonction de son ressenti, va alléger ou appesantir son destin.
Avec Jane Wyman, Rock Hudson, Agnès Moorehead…
Images : Russell Metty