Un monde qui devient sectaire
À la mi-mars, l’Organisation internationale Nouvelle Acropole a tenu à Rome sa 60e Réunion internationale, à laquelle étaient présentes cinquante-quatre délégations de pays représentant les 448 centres de formation dans le monde.
Les mots d’ouverture de la Présidente d’honneur, Délia Steinberg Guzman, rappellent « que la seule connaissance du mal qui nous affecte (la qualité de notre environnement), ne contribue pas à le régler. Dans tous les cas, elle affecte nos états d’âme et se manifeste soit par l’indifférence de ceux qui préfèrent ne pas voir pour ne pas ressentir, soit par l’inquiétude des autres qui peut conduire vers l’anxiété, la peur démesurée et l’apparition de fantaisies débridées. Le changement climatique est nocif, mais l’égoïsme que nous percevons dans les différentes sphères de la société l’est encore davantage. »
Le Président international, Carlos Adelantado Puchal déclare : « Nous pouvons tous nous améliorer et, par conséquent, améliorer notre foyer planétaire. Je crois que c’est quelque chose que nous devons à la vie et aux générations futures. C’est pour cela que nous parlons de philosophie en action. »
Cette année, nous avons organisé 2527 activités de promotion de la philosophie avec 142.855 participants ; 4835 activités sur la culture dans le monde avec presque 100.000 participants. Et pour traduire tout ceci en actions concrètes d’aide humanitaire, sociale, médicale, alimentaire, nous avons organisé 4839 activités de volontariat qui ont mobilisé 35.900 volontaires. Ainsi, nous avons pu appliquer nos trois principes fondateurs : la fraternité, la connaissance et le développement humain.
En même temps, au Vatican, dans cette même ville de Rome, le Pape François était interrogé sur sa décennie en tant que Pape (1). Il a répondu avec simplicité et profondeur à toutes les questions et l’une des préoccupations qui le taraudent, est la sectarisation de la jeunesse (pardon pour le néologisme). C’est-à-dire que, dans leur besoin de se rassurer et de s’exprimer, les jeunes s’attachent fortement à quelques idées fermées sans dialogue ni réflexion possibles, ce qui permet de comprendre leur radicalisation croissante où l’opinion choisie devient une vérité indiscutable.
À la question : « Est-ce que vous voyez une croissance du sectarisme dans le monde ? », il répond avec un simple oui. Lorsque le journaliste lui demande s’il trouve un rapport de cause à effet entre la tendance au sectarisme et le sectarisme des médias, il rappelle un dîner à Buenos Aires, avec les propriétaires des médias du pays, dans un congrès où il s’est permis de parler des quatre péchés du journalisme.
Le premier est celui de la désinformation : « Je dis ce qui me convient et je tais ce qui ne me convient pas ». Donc, on n’exprime que la partie qui nous convient.
Le deuxième est la calomnie, c’est-à-dire mentir au sujet des personnes.
Le troisième est la diffamation, qui n’est pas la même chose que la calomnie, parce qu’elle peut utiliser l’exemple d’un petit péché de jeunesse commis dans un lointain passé et qui n’a plus cours, mais qu’on continue à rappeler. On récrimine continuellement sur de vieilles histoires totalement dépassées, comme si elles étaient actuelles.
La quatrième est l’amour du scandale, la coprophilie, qui cherche toujours la manière de salir les individus et les collectivités. On essaie toujours de chercher le scandale. S’il n’y a pas de scandale, on ne parle pas.
Il conclut : « Le véritable journalisme est celui qui ne tombe pas dans ces quatre péchés, s’il dit la vérité entière, ne calomnie personne, ne diffame personne et ne vit pas de scandales en salissant autrui. »
Nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces propos pleins de bon sens. La philosophie, reliée à la culture et au volontariat, permet aujourd’hui de combattre de manière efficace la sectarisation du monde et sa violence. Au sein de notre association, des centaines de milliers de personnes dans le monde l’ont expérimentée cette année, dépassant les frontières dressées par la haine et les conflits d’intérêts.
Dans ces temps de séparatisme, la paix et l’ouverture du cœur deviennent un chemin difficile mais indispensable pour retrouver la fraternité des âmes.