Une parole juste
Dans le bouddhisme, il est un enseignement de référence, très pratique qui se nomme « l’Octuple sentier ». C’est une roue aux huit vertus à mettre en mouvement pour que le candidat à la sagesse puisse, à travers chaque vertu, se libérer, s’alléger, se grandir, et s’effacer à l’ignorance et à l’arrogance.
Permettez-moi de commencer cette histoire, par « il était une fois »… comme un vieux conte à travers les âges qui reste éternellement vrai. C’est le fruit de ce que nous nommons la philosophie atemporelle.
« Il était une fois » … un grand royaume, dont le fils du Roi se nommait Siddhârta Gautama. Un jour, il demande à son père de visiter la capitale de son royaume. Sur son chemin, il rencontre un vieillard, un malade et un mort. Il prend alors conscience de l’impermanence de la vie, de la souffrance comme une constante à la vie. Il comprend que cette souffrance est le fruit de nos désirs, de notre avidité. Il réalise que la cessation de la souffrance est l’entrée en Nirvana, la Vérité absolue. Et il donne un enseignement pratique précieux : le sentier qui conduit au Nirvana, le fameux Octuple Sentier.
Par la pratique de huit Vertus, nous pouvons nous libérer de la souffrance.
D’abord exercer sila, la conduite éthique ; qui consiste à se bien comporter soi-même en pratiquant :
• la parole juste
• l’action juste
• les moyens d’existence juste
Puis entraîner samadhi, la discipline mentale ; le mental étant le cocher du char ; c’est lui qui conduit nos actions et donne la direction de notre chemin :
• l’effort juste
• l’attention juste
• la concentration juste
Et enfin nous pourrons pratiquer prajna, la sagesse, en exerçant les deux plus difficiles disciplines de vie, comme le couronnement de toutes les autres :
• la pensée juste
• la compréhension juste
Commençons par la parole juste :
« Meilleur que mille mots privés de sens est un seul mot raisonnable, qui peut amener le calme chez celui qui l’écoute ». Dhammapada
La parole juste implique abstention du mensonge, de la médisance, de la calomnie et de toutes les paroles susceptibles de provoquer haine, inimitié, désunion, disharmonie entre individus ou groupes de personnes ; elle implique abstention de tout langage dur, brutal, impoli et des bavardages futiles, vains et sots. Si l’on n’a rien d’utile à dire, on devra garder un « noble silence ».
Notre pratique est ainsi dictée ! pouvons-nous nous exercer à nous observer dans ce que nous disons, et plus, dans ce que nous avons à dire ? À la manière des anciens chinois qui prônaient l’exercice de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, nous avons ici l’enseignement de base qui commence par le contrôle de sa personne dans ce que nous penserons utile ou pas à dire, et comment le dire…
Rappelons-nous ce vieux proverbe qui va dans le même sens « La parole est d’argent, mais le silence est d’or ». Savons-nous mieux que parler, parfois nous taire pour bien écouter. Si nous avons une bouche, nous avons deux oreilles. Devrions nous écouter deux fois plus que nous ne parlons ?
Il est un vieil enseignement socratique qui va dans le même sens, il se nomme « Les trois tamis ». Je vous invite à vous y exercer.
Belle rentrée à tous !
Exercice philosophique :
Les trois tamis
Un jour, un homme vint trouver le philosophe Socrate et lui dit :
– Écoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
– Je t’arrête tout de suite, répondit Socrate. As-tu songé à passer ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ?
Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié que ce que tu as dire est parfaitement exact ?
– Non, je l’ai entendu raconter et…
– Bien !
Le deuxième tamis est celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, est-ce quelque chose de bienveillant ?
L’homme hésita, puis répondit :
– Non, ce n’est malheureusement pas bon au contraire…
Hum ! dit le philosophe. Voyons tout de même le troisième tamis.
Est-il utile de me raconter ce que tu as envie de me dire ?
– Utile ? Pas exactement répondit le jeune homme.
Alors, n’en parlons plus ! dit Socrate. Si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère l’ignorer. Et je te conseille même de l’oublier…