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Une Vie dans la vie

Et s’il y avait une autre vie dans la Vie ? une vie intérieure à découvrir dans toute cette explosion de points de vue, d’approches de réalités différentes, d’opinions sur les évènements, voire de compréhensions différentes et même opposées d’un même objet. Chacun est dans son centre d’intérêt, dans son plan de conscience. Et au final c’est ce qui est le réel pour chacun. 

Héléna Petrovna Blavatsky enseigne : « Quel que soit le plan dans lequel notre conscience peut agir, nous et les choses appartenant à ce plan, sommes pour ce moment-là les seules réalités ». Or, il suffit de déplacer notre centre de gravité vers d’autres plans de conscience, plus intérieurs, pour changer de réalité. 
Alors quelle vie allons-nous choisir de vivre ? 

Dans le Tao Te King, le sage chinois Lao Tseu dit : « La personne qui cherche la connaissance grandit de plus en plus, chaque jour. La personne qui cherche le Tao (la Voie) grandit de moins en moins, chaque jour ». Il semble dire qu’il y a une différence entre la connaissance et la sagesse. Dans les cathédrales du Moyen-Âge, on trouve des sculptures de saints qui, certains tendent le livre ouvert et d’autres portent le livre fermé. Le livre ouvert c’est la connaissance accessible à tous, puisqu’il suffit d’étudier, de lire, de se documenter, pour avoir accès. Les hindouistes l’ont appelé Gniana (qui donnera la « gnose » en grec). Le livre fermé, est le livre de la sagesse, celui de l’expérience acquise et pas seulement transmise, Vydia. Nous pouvons en effet devenir savants de connaissances extérieures, transmises sans forcément avoir été vérifiées par notre vécu, passées au tamis de notre âme. Mais la sagesse relève d’une expérience plus profonde, qui a traversé sa sphère de réalité consciente. 

Nous avons tendance à vivre depuis l’extérieur de nous-mêmes. Le même évènement peut toucher beaucoup de monde et chacun réagira à sa manière. Les uns s’effondreront, les autres trouveront la force de rester debout, certains feront comme s’ils n’avaient rien vu. Qui fait la différence ? Ce peut être l’égo qui a dans son sac beaucoup de tours malins pour refuser d’accepter, ou de se changer, de se laisser toucher pour se remettre en question ; son option est alors de nier par la distraction. Détourner son regard, faire celui qui n’a rien vu, euphémiser. Le mental très agité en nous, peut participer à l’effondrement intérieur : se laisser impressionner, s’emballer, faire des projections de représentations plus négatives encore que celles que nous sommes en train de vivre. Le mental est alors un cheval fou, incontrôlable, que les émotions négatives et de peur façonnent à leur façon. 

Seuls, ceux qui se sont entraînés à dompter le mental, pourront rester debout. Le mental entraîné se stabilise, même devant les intrus les plus violents. Celui, qui a décidé de vivre la Voie, s’exerce à la concentration, à diminuer les effes et les projections.
Dans la Bhagavad Gîtâ, (VI, 33, 34, 35), Arjuna, le candidat à la pratique de la Voie, demande : « Ce Yoga de l’égalité (c’est-à-dire qui permet de voir les choses avec égalité, que ce soit agréable ou difficile), je ne lui vois point de base stable à cause de l’agitation. En vérité, agité est le mental, il est véhément, fort et indomptable ; je le tiens pour aussi difficile à dominer que le vent ». 
Et la réponse de Khrisna : « Sans nul doute, le mental est agité et difficile à réfréner ; mais on peut le maîtriser par une pratique constante et le non-attachement ». 
Cet état de Yoga (Yug, de lien) nous entraîne au premier lien à soigner, le rapport à soi-même. C’est cette capacité à commencer à faire l’unité en soi, entre ce que l’on pense, ce que l’on doit, ce que l’on veut, qui l’on est et celui qu’on voudrait être… Cette Vie dans la vie est celle qui nous réaligne, et produit un sentiment de paix avec soi-même et donc possible avec les autres. Tout l’encombrement extérieur devient plus contrôlable et nous permet d’aller à l’essentiel au lieu de rester à la surface des choses. 

Ainsi, « la personne qui cherche le Tao (la Voie) grandit de moins en moins, chaque jour. » Car l’essentiel semble prendre moins d’espace que la dispersion de l’égo ; le silence moins envahissant que le bruit, l’immobilité moins volubile que le mouvement. 

Exercice philosophique N°1 : « Ne pas se laisser perturber par nos émotions ». 
Regarder la vidéo et s’analyser. 
Il s’agit de la meilleure vidéo tournée en 2009. Elle est l’œuvre de Jean-Jacques Annaud, cinéaste français.
http://www.flixxy.com/game-of-survival.htm 

Analysez vos impressions tout en regardant la vidéo ; observer la nature des pensées qui vous viennent, de vos émotions, de vos pulsions, rejet ou aversion … Regarder la situation et se regarder la voir, en mémorisant les impressions qui se dégagent de vous. 
Puis prendre son carnet et noter le nombre d’impressions apparues et leur nature. Et comptez-les. 

par Catherine PEYTHIEU
Formatrice de Nouvelle Acropole France
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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