Vaccin philosophique pour l’âme, « Ne cesse de sculpter ta propre statue » !
Selon Plotin, (philosophe gréco-romain du IIIe siècle), représentant principal du néoplatonisme, les maux existent certes autour de nous, mais sans commune mesure avec la profusion des biens dont la lumière du soleil, chaque matin, est l’image. Le bonheur de l’homme ne vient ni de la richesse, ni du pouvoir, ni de l’action, mais d’une conversion vers un espace intérieur qui lui permet de voir la beauté du Principe premier, et de manifester sa vie intérieure en toute chose.
Dans son injonction à soi-même, il prône l’idée de ne cesser, toute sa vie, de sculpter sa propre statue de l’intérieur. Il faut travailler sur soi non par narcissisme mais au contraire pour apprendre à s’oublier. C’est ainsi que l’on apprend à enlever le superflu, pour accéder au vrai bien.
« Ne cesse de sculpter ta propre statue » !
L’éthique de Plotin est un appel à la purification et à une invitation à la simplification et au dépouillement :
« Retranche toutes choses ». La purification ou katharsis, consiste à rendre plus simple, enlever ce qui est superflu dans nos vies, le luxe, les propriétés encombrantes, les affaires qui nous préoccupent. C’est revenir à ce qui est l’essentiel, la vérité, la nature et la beauté. Penser que la pratique de la philosophie permet à l’homme de purifier son âme.
« Pratique la tempérance et la justice, ces « vertus civiles » qui mettent réellement de l’ordre en nous et nous rendent meilleurs ; elles imposent des limites et une mesure à nos désirs et à toutes nos passions, elles nous délivrent de nos erreurs. »
Les plaisirs de la pensée, comme la lecture philosophique, sont plus vifs que les plaisirs de la nourriture ou de la sexualité. « Il y a un attrait évident dans le soin des enfants, le goût du mariage et tous les plaisirs qui charment les hommes et comblent leurs désirs ». Or la vérité n’est pas dans la sensation, il faut que le retour vers l’intérieur, ce que Marc Aurèle appelait « sa citadelle intérieure », soit aussi un retour vers le principe universel qu’est l’Un-Bien, au-delà de l’être.
Les vertus civiles et la pratique des raisonnements philosophiques préparent l’âme à la rencontre du divin : « Lorsque l’âme a la chance de rencontrer le divin, lorsqu’il vient à elle, mieux encore lorsqu’il lui apparaît, présent, lorsqu’elle se détourne de toute autre présence, s’étant préparée elle-même pour être la plus belle possible, […] remplie de joie, elle ne se trompe pas, parce qu’elle est devenue ce qu’elle était autrefois ».
Dans ces états de conscience supérieurs, l’âme, en rencontrant l’Un-Bien, revient à la racine de son être qui est sa nature immortelle.
Exercice philosophique N°1 :
Méditation sur cette « conversion vers cet espace intérieur » de soi-même, pour commencer le chemin vers l’essentiel.
S’accompagner de la musique de la Sonate N°14 piano au Clair de Lune de Beethoven
Cette musique va avec l’idée d’un dépouillement, une descente profonde, vers un néant, car Beethoven devient sourd, et on entend la disparition du son, on entend le vide entre les notes. Il nous fait entendre et nous fait partager ce qu’il vit …Ainsi nous accompagne vers notre propre conversion.
Ecoutez : https://www.youtube.com/watch?v=SVjpV1XR5DI
Exercice philosophique N°2 :
« Reviens en toi-même et regarde : si tu ne vois pas encore la beauté en toi, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle ; il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie jusqu’à ce qu’il dégage de belles lignes ; comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui est oblique, nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que l’éclat divin de la vertu se manifeste. »
Que nous faut-il enlever de superflu ?
Que nous faut-il redresser qui est oblique ?
Que nous faut-il rendre brillant qui est sombre ?